- Tenue de chasse d'un chevalier au XIIIème siècle -

Par Bernard

Rédigé le 29 mars 2011

Traduit le 21 février 2014 par Ivan

     Comme la majorité des nobles de son époque, Bernhardt de Teyssonnière (voir l'article « Bernhardt de Teyssonnière, chevalier français de la septième croisade ») pratique la chasse. Cet exercice est autant un passe-temps qu'un entraînement à la guerre (chevauchée en terrain difficile).

     La tenue nécessaire à cette activité doit être pratique et confortable. Elle se compose d'une cotte courte, de chausses (bien évidemment) et d'un manteau. À cela, s'ajoutent quelques accessoires, des éperons (indispensables au chevalier pour monter à cheval), un cor (utile pour communiquer avec ses compagnons et pour chasser le gibier), des gants et une ceinture.



Bernhardt de Teyssonnière à la chasse

La cotte

     La cotte de chasse est plus courte que celle que portent habituellement les nobles de cette époque[1]. Il est possible que cela soit dû aux difficultés rencontrées lors des déplacements en sous-bois avec des vêtements longs.

     Elle est en laine et sa couleur est d'une teinte saturée ce qui montre un certain rang social mais cette cotte est dépourvue de broderie et autres décorations car le but de ce vêtement n'est pas ostentatoire.

     Sa coupe est inspirée de la tunique dite « de Kragelund[2]» qui, bien que datant d'une époque antérieure (datation entre 1040 et 1155) et d'origine géographique différente, a un rendu correspondant à la silhouette vue sur les différentes représentations de la période reconstituée; poignets ajustés, reste du vêtement ample. Contrairement à la pièce originale, la cotte de Bernhardt est fendue à l'avant et à l'arrière pour monter à cheval avec plus de facilité. 

A – Cotte dite « de Kragelund ». B – Cotte de notre personnage.

Les chausses

     Ce sont de simples chausses à pied en laine de couleur marron communes à cette époque. Comme la cotte, il s'agit de vêtements simples, pratiques mais de bonne facture.

A – Bible dite de Maciejowski, folio 18 recto, France, mi-XIIIe, Pierpont Morgan Library, New-York. B – Les chausses de Bernhardt de Teyssonnière.

Le manteau

     Inspiré d'une sculpture se trouvant à l'abbaye de Saint Denis et d'une forme proche d'un exemple vu dans la bible dite « de Maciejowski », le manteau de Bernhardt est confortable pour lutter contre le froid et pratique à cheval (mais un peu long pour les déplacements à pied dans le sous-bois). La qualité de la laine et de la teinture en fait, comme pour la cotte, un vêtement digne du rang d'un chevalier

A – Tombeau de Louis de France, mort en 1260, Abbaye de Saint Denis. B - Bible dite de Maciejowski, folio 17 verso, France, mi-XIIIe, Pierpont Morgan Library, New-York. C – Proposition de manteau.

Le cor de chasse

     Sur les sceaux, les enluminures et les sculptures les chasseurs sont souvent représentés avec un cor. Bernhardt de Teyssonnière en possède donc un. Celui-ci est en corne et est équipé d'une sangle en cuir. Ce système permet son transport et son utilisation sans gêner le cavalier lors des différentes allures.

 

A – Rétable de Saint Eustache, “vision du cerf”, XIIIe siècle, Abbaye de Saint Denis. B – Cor de notre personnage.
A – Sceau attribué à Simon IV (entre 1164 et 1175 – 1218) ou Simon V (1208 – 1265) de Montfort. B – Sceau de Geoffroy de Lusignan, vers 1225 (origine du croquis inconnue). C – Vie de Saint Denis, folio 50 recto, France, mi-XIIIe, BNF, Paris.

La ceinture

     La ceinture est une simple bande de cuir avec une boucle en laiton inspirée des boucles trouvées dans la région de Sens.

A – Série de boucles à “oreilles” latérales trouvées dans la région de Sens (photo Buthod – Ruffier, parue dans “Boucles et fermaux du Moyen-Âge”, Moyen-Âge n°48). B – Boucle de ceinture de Bernhardt de Teyssonnière réalisée par Denis Sempé.

Les gants

     Les gants sont en cuir fin. Ils ont une fonction pratique, protéger du froid ou du frottement des rênes, et peut-être une fonction symbolique. Bon nombre de représentations de personnages portant des gants semblent être d'un niveau social élevé. Quoiqu'il en soit, ces deux raisons sont valables pour notre personnage.

A - The Life of King Edward the Confessor, folio 06 recto, Angleterre, mi-XIIIe, Cambridge University Library. B - Bible dite de Maciejowski, folio 17 verso, France, mi-XIIIe, Pierpont Morgan Library, New-York.

Les éperons

     Pour la guerre comme pour la chasse, le chevalier monte avec des éperons visibles par exemple sur le sceau attribué à Simon IV (entre 1164 et 1175 – 1218) ou Simon V (1208 – 1265) de Montfort et sur le sceau de Geoffroy de Lusignan, vers 1225  (voir l'article « Bernhardt de Teyssonnière, chevalier français de la septième croisade »).

Éperons

Chevaucher en sous-bois

     Sur le sceau de Geoffroy de Lusignan (voir figure 5A), le cavalier chevauche le bras tenant le cor passé dans les rênes[3] et l'autre main tenant le chien monté en croupe (qui ne peut sans doute pas courir aussi vite que le cheval galope). L'avantage de cette position est, quand on n'a pas de chien, que l'on a une main de libre pour se protéger des branches tout en sonnant du cor. En terrain plus dégagé, on peut reprendre une position plus classique.

La main qui tient le cor est passée dans les rênes.
Une main libre est une bonne chose pour chevaucher en sous-bois. Remarque : Le chien apparaissant sur la photo, un tervueren, pourrait avoir son origine au XIIIe siècle [4] selon Pierre Van der Heyden.

Bibliographie



  • 1 - « Il avait bien l'air d'un homme qui revient du bois. Il portait un vêtement de chasse, court comme il convenait... » Lancelot du Lac vers 1225, traduit par François Mosès, collection Lettres gothiques, éditions « Le livre de poche », p. 393.
  • 2 - Cotte trouvée dans des tourbières au Danemark. Voir la page sur le site de Marc Carlson pour plus d'informations.
  • 3 - cette position se retrouve lors du tir à l'arc à cheval, voir par exemple, apocalypse avec glose, folio 07 verso, Grande-Bretagne, XIIIe siècle, BNF Richelieu, Ms 403.
  • 4 - « Vous et votre Tervueren » par Pierre Van der Heyden, aux éditions de l'Homme, collection 'Nos animaux'.

Merci à Gaëlle et Thomas pour leur accueil et pour nous avoir confié Matthéo (le cheval) et Charly (le chien) le temps des photos.