Photographie en-tête : Yann Kervran

- L'armée Ayyubide à la fin du XIIème siècle -

Par Julien, ancien membre et président de Fief

Considérations générales

Suite à la réforme de 1181 de l'armée Fatimide qu'entreprit Saladin lors de sa prise de pouvoir en Égypte, les sources nous indiquent les chiffres suivants:

 

Environ 9000 cavaliers dont 1000 sous les ordres directs du Sultan Saladin basés en Égypte, 3000 cavaliers pour la garnison de Damas (comprenant plus largement le sud de la Syrie, le Jourdain, et la Palestine).

 

3000 cavaliers pour la garnison d'Alep 1000 cavaliers pour les sultanats Ayyubides de Homs et Hama. 4000 pour le Jazira 2000 pour Mossul

 

La confédération des sultanats Ayyubides compte environ 22000 cavaliers dans son armée régulière en 1181. Pour information les forces des états latins à la même période sont assez équivalentes. On dénombre environ 12000 chevaliers (croisés + Poulains) et 15000 à 18000 Turcopoles.

Hiérarchie

4 titres d'officiers sont conservé par rapport à l'armée Fatimide: Ustadh al Dar Hajib Emir Hajib Emir Jandar (ou Khazindar pour le gouverneur d'une citadelle)

 

Le mode de promotion se fait par les actes, sur le terrain, tous les soldats peuvent accéder par leur mérites au rang d'officier. Aucune notion de noblesse ou de lignage ne rentre en compte. Un exemple révélateur est l'accession au poste de gouverneur de la citadelle de Damas en 1229 d'un renégat espagnol converti à l'islam et qui fut avant cela chevalier frère de l'ordre du Temple...

Organisation structurelle

L'armée est organisée en régiment, nommé Tulb (70 à 200 hommes). Chaque Tulb est identifié par son Sanjaq (bannière). Une unité plus petite existe, comprenant 70 hommes environ nommée Jarida. Enfin la plus petite formation est la Sariya composée d'une vingtaine d'hommes. Ce type de formation est prévu pour les embuscades.

Unités composant l'armée Ayyubide :

Voilà les unités présentes dans l'armée de Saladin (armée Ayyubide) après la réforme de l'armée Fatimide de 1181.

 

Yazaq al-da'im : Unités de cavalerie ayant pour mission la reconnaissance, l'empoisonnement des points d'eau ou autre action commando en territoire ennemi.

 

Jalish : Unité de cavalerie chargée de la protection rapprochée des porteurs de bannières, musiciens. Utilisée également comme cavalerie de choc pour les attaques de campements ennemis. Cette unité est essentiellement composée d'archers à cheval, lourdement armurés et armés (cheval compris). Ils sont aisément reconnaissables par leur « bannière », constituée d'une longue hampe surmontée d'un plumeau de crin de cheval.



Qulf : Unité composée d'archers arabes tribaux chargés de saper les communications de l'ennemi.

 

Harafisha : Unité d'infanterie dédiée à la guérilla.

 

Lisus : Unité de cavalerie employée conjointement avec une unité d'Harafisha préposée à l'attaque du trains de l'ennemi.

 

Ghilmans (sing : ghulam) ou Mameluks : Unité de cavalerie d'élite. Elle assure la protection du général, très discipliné et loyaux, les ghilmans forment le centre de l'armée. Des ghilmans d'une qualité supérieures sont désignés sous le nom Ghulam Tawashi ou royaux (terme désignant les eunuques à la base, et perdant ce sens au XIIème siècle), ces derniers forment la garde personnelle du Sultan qu'on nomme « Halqa ». Dans leur rôle de garde du corps, ils sont parfois secondés par une unité de Yazaq al da'im qui constitue leur avant-garde (surtout en cas de fuite).

 

La « Halqa » est constituée également de nombreux bureaucrates et théologiens. Au sein de la « Halqa » existe un petit groupe nommé « Jandriya » qui est composé des ghilmans royaux de haut rang et qui sont l'entourage très intimes du Sultan. Leur chef se nomme le « Naqib », ils servent également de messagers et de responsables d'arsenal. Qaraghulams (ghilmans noirs ): ghilmans de rang inférieur, leur nom vient du fait que certains d'entre eux sont issus du Soudan et ont la peau noir.

Bibliographie

 

- CRUSADER WARFARE D. Nicolle

- Topkapi Library, Ms Haz 841 Istanbul Turquie

- « souvenir historique et récits de chasse d’un emir du XIIème siècle » hartwig Derenbourg, Paris, 1895

- Claude CAHEN « Un traité d’armurerie composé pour Saladin », Bulletin d’études orientales, Tome XII, année 1947-1948, Beyrouth, 1948

- « Saladin and the saracens » David Nicolle, Osprey Publishing et « Saracen Faris » David Nicolle, Osprey Publishing